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La CGT hurle à la trahison du modèle mutualiste

Liaisons Sociales Magazine | Management | publié le : 23.06.2015 | Eric Béal

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Présenté à l’Assemblée générale, le nouveau projet d’entreprise de la Macif suscite l’inquiétude des représentants CGT. Mais leur mot d’ordre de grève n’a pas été suivi par le personnel. Un échec qui ne présage rien des négociations à venir.  

L’appel à la grève a fait « Pschit ! » Vendredi, la CGT appelait les 9500 salariés du groupe Macif à se mettre en grève. Objectif, protester contre la volonté des dirigeants « de plier l’entreprise et ses salariés au modèle capitaliste dominant, nuisible – entre autres – à la santé des salariés et destructeur de l’éthique mutualiste », dixit un tract du syndicat.

Une analyse un peu rapide du nouveau projet d’entreprise présenté à l’occasion de l’assemblée générale des sociétaires de la banque mutualiste. Car en réalité, ce texte se contente de présenter de grands principes qui restent à préciser. Pas de quoi mobiliser le personnel. Le syndicat qui pèse quelque 30% des suffrages a été suivi par 6% des salariés,  d’après la direction. La moitié d’entre eux s’étant en outre contentée d’arrêter le travail une heure avant la fin de la journée.

Transformer l'organisation

Intitulé « Maci’Futur », le nouveau projet d’entreprise est analysé par les cégétistes comme la première marche vers une transformation totale de la mutuelle. « Nos conditions de travail se détériorent au fur et à mesure de la réorganisation des services. Ce nouveau projet sonne le glas du système mutualiste », affirme Didier Torossian, délégué syndical CGT au siège.

A ses yeux, les dirigeants recherchent le profit immédiat, sans prendre en compte les besoins réels des sociétaires. « Dans le système mutualiste, les sociétaires élisent des délégués. Ces derniers les représentent en assemblée générale et sont chargés de faire remonter les besoins réels de leurs mandants. La direction propose de les transformer en VRP, porteurs d’un message commercial », affirme le syndicaliste qui s’inquiète d’une incohérence grandissante entre le discours sur les « valeurs mutualistes » et la réalité de la gestion concrète de l’entreprise.

« Les délégués vont voir leur mission évoluer pour renforcer les liens avec les sociétaires, indique une source interne. Mais rien n’a été précisé pour le moment. De toute façon, il faudra réécrire la charte d’entreprise pour appréhender correctement le changement. Et l’exercice ne peut se faire sans que les représentants du personnel aient leur mot à dire. » Une position mesurée partagée par Manuel Pinto (CFDT). « Pour le moment, le projet Maci’Futur se contente de fixer un cadre politique pour imaginer une nouvelle forme de fonctionnement. Notre organisation par région va évoluer mais il reste tout un travail d’analyse et de négociation avec les représentants du personnel pour aboutir à quelque chose de concret. »

Négocier pour éviter la casse sociale

A force d’hurler avant d’avoir mal, la CGT de Macif Groupe a raté sa tentative d’établir un rapport de forces pour impressionner les délégués. Un échec cuisant symbolisé par la passivité des représentants des cinq centrales syndicales (CGT, CFDT, CFE-CGC, FO et CFTC), au conseil d’administration. Non seulement pas un n’a pris la parole pour critiquer le projet, mais tous ont voté en sa faveur.

Reste que les questions de fond devront être abordées rapidement. La digitalisation accélérée de la société oblige la Macif à  revoir son organisation très décentralisée. Pour la CFDT, il s’agit de remettre tout à plat pour évoluer « sans casse sociale ». « Nous devons nous préparer aux évolutions incontournables en respectant les bassins d’emplois et les compétences des salariés », estime Manuel Pinto. Une négociation d’ampleur qui s’annonce délicate pour Benoît Serre et Claudie Le Gall, respectivement DRH et directrice des relations sociales du groupe.

Auteur

  • Eric Béal

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