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"L’essor du travail indépendant passe par une meilleure protection sociale"

Liaisons Sociales Magazine | Mobilités | publié le : 15.09.2015 | Emmanuelle Souffi

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Père du régime de l'autoentrepreneur, Hervé Novelli* plaide pour une plus grande protection sociale des free lance, dont l'essor est porté par la révolution numérique.

Le numérique bouleverse-t-il le travail ?

Le salarié et le chef d’entreprise, qui ont pendant des décennies codifié la vie sociale, ne sont plus aujourd’hui les références uniques des univers de travail. Prenez l’autoentrepreneur, statut que j’ai créé en 2009. Une même personne peut être à la fois salarié et créateur d’entreprise. Au-delà de la mutation vers une société de services qui favorise les prestations, la révolution numérique autonomise les tâches. Elle accélère l’essor du travail indépendant.

La France n’est pas la seule à être touchée par ce phénomène…

Au Royaume-Uni, les self-employed représentent 15 % de la main-d’œuvre. Et 18 % en Espagne. Dans toutes les sociétés développées, ils sont en forte croissance. La plupart des sites de e-commerce sont aujourd’hui administrés par des free lance. Il est donc parfaitement vain de s’acharner à vouloir maintenir cette dichotomie salarié/free lance. Une partie de la résolution de notre problème de chômage réside dans le développement du hors salariat dans l’économie de notre pays.

Sauf qu'aujourd'hui, il est synonyme de précarité...

On ne pourra pas faire accepter ce concept d’entreprise étendue, comme l’évoque Bruno Mettling (le DRH d'Orange, qui rend un rapport ce 15 septembre sur l'impact du numérique dans le travail, NDLR) si on ne respecte pas une certaine équité entre les différents statuts. Pendant des années, le droit a essayé de mettre du salariat partout, de l'intérim au portage salarial. Or, cette norme sociale n'est plus de mise aujourd’hui. L’essor du travail indépendant passe par une meilleure protection sociale.

Le statut de l'autoentrepreneur est-il une réponse suffisante ?

Non. Quand j’ai créé ce statut, il y avait une garantie en matière de santé, de retraite, mais minimale. La régulation doit aujourd’hui être plus forte. Au nom de quoi le salarié d’une entreprise aurait-il plus de droits qu’un microentrepreneur effectuant une prestation de longue durée dans le même service ? Il faut s’atteler à la construction d’un nouveau droit régulant ces nouvelles pratiques. A droite comme à gauche, tout le monde s’accorde à dire qu’au delà de l’ordre public social, la négociation d’entreprise doit prendre le dessus. Pourquoi donc ne pas étendre l’épargne salariale et la complémentaire santé à tous les statuts d'emploi ? Dans le cas contraire, nous risquons d’avoir deux catégories d’acteurs dans l’entreprise : le salarié avec une protection forte d'un côté et une sous-classe de travailleurs indépendants de l'autre.

*Maire de Richelieu (Indre-et-Loire), Hervé Novelli est par ailleurs conseiller pour un fonds d'investissement anglo-saxon. Il a cofondé WikiPME, une plateforme communautaire dédiée aux TPE-PME.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi

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