Étrillé pour ses piètres résultats en matière de placement des chômeurs, l’établissement spécialise 4000 équivalents temps-plein dans la «relation à l’entreprise». Un tournant stratégique et un défi d’organisation.
Il aura fallu une heure, pas moins, cet après-midi d’été, à l’agence Pôle emploi de Longjumeau (Essonne) pour faire le tour de l’offre d’Auchan Direct. Le cybermarché veut, très vite, recruter 20 chauffeurs-livreurs en alternance. Sur le papier, ça semble simple. Les exigences? Un permis de conduire depuis deux ans, des muscles pour porter les colis et des capacités relationnelles. Pourtant, le repérage des «bons» candidats, pas rebutés par les contraintes, s’avère complexe.
Avant de rejoindre la plate-forme qui sortira de terre à dix minutes d’ici, les alternants travailleront dans des entrepôts éloignés, jusqu’à 38 kilomètres. Soit 2h30 en transport en commun, aller-retour. «Ça va être difficile», met en garde Céline Michelet, la directrice. Mais le spécialiste de la livraison à domicile est ici entre de bonnes mains. Chaque fois que l’agence propose un candidat, il est embauché: son «taux de mise en relation positive» atteint 106%. Une performance due à la spécialisation, depuis fin 2013, de trois de ses 32 conseillers dans la «relation à l’entreprise». Déchargés du suivi des demandeurs d’emploi, ils consacrent 80% de leur temps à accompagner les employeurs qui les sollicitent et à faire de la prospection ciblée.
Cette révolution a été généralisée, fin juillet, au millier d’agences tricolores. Terminée, la polyvalence des conseillers censés, depuis la fusion des Assedic et de l’ANPE en 2009, tout faire et tout savoir faire ! Il était temps. Pôle emploi n’est à l’origine directe de la reprise d’emploi que dans 12,6 % des cas, révèle une récente enquête de la Dares. De piètres résultats pour la Cour des comptes. Dans un rapport sanglant paru début juillet, elle juge que l’organisme a perdu sa raison d’être. «La mission d’intermédiaire entre offre et demande d’emploi […] n’est plus prioritaire», assènent les sages de la rue Cambon.