L'Institut Doctorium valorise les compétences des doctorants et des docteurs auprès des entreprises pour les faire embaucher. L'accès au crédit d'impôt recherche est au cœur de l'argumentaire.

Cette fois-ci, les entreprises n'auront plus d'excuses pour ne pas recruter de "docteurs". Une association, baptisée Institut Doctorium, entend bien apporter tous les arguments en faveur des bac +8. Une impérieuse nécessité, car les titulaires de doctorats sont particulièrement exposés au chômage en France. D'après les enquêtes du Céreq, quelque 10% des docteurs diplômés en 2004, 2007 et 2010 se trouvaient sans emploi trois ans après leur entrée dans la vie active.

Le secteur privé n'a pas pris le relais des organismes de recherche publics, qui offrent déjà peu de débouchés. À quelques exceptions près (lire notre article sur Schneider Electric), les entreprises privilégient encore quasi exclusivement les ingénieurs. Et cultivent toujours les stéréotypes à l'encontre des thésards et docteurs.

"Elles ne savent pas en quoi les compétences d'un chercheur peuvent leur être utiles. Ni comment les rémunérer ou même les évaluer", explique Amélia Lakrafi, fondatrice de l'Institut Doctorium. Une structure partenaire de l'Association Bernard Gregory (ABG), qui promeut l'insertion professionnelle des docteurs notamment via un jobboard spécialisé.

Optimisation fiscale

Les entreprises ont pourtant intérêt à recruter des docteurs ou doctorants en CDI. Ces scientifiques permettent en effet de sécuriser et d'optimiser l'utilisation du crédit d'impôt recherche (CIR). Notamment parce que leur embauche permet d'obtenir des avantages fiscaux spécifiques. Pendant deux ans, l'employeur peut déclarer un montant équivalent à deux fois leur salaire chargé pour bénéficier du CIR.

Sauf qu'elles n'en profitent pas. "Environ 15000 entreprises ont touché le CIR en 2012 et ce nombre augmente. Pourtant, les embauches de docteurs ne suivent pas. Or, chaque année, plus de 10000 titulaires de thèse arrivent sur le marché du travail", explique la dirigeante de l'association, par ailleurs directrice de Bizinnov, un éditeur de logiciels spécialisés dans la gestion de la recherche et développement.

L'emploi de docteurs permet aussi de sécuriser les crédits obtenus en cas de contrôle fiscal. Et de mettre les entreprises "dans une véritable posture d'innovation", selon Amélia Lakrafi. "Ils ont des savoir faire que les ingénieurs n'ont pas. Les docteurs sont capables de dresser un état de l'art et sont formés pour faire de la veille scientifique. Ces compétences sont essentielles pour monter un projet de R&D qui fasse réellement progresser les connaissances et soit éligible au CIR", explique-t-elle.

Former les thésards

Pour promouvoir de manière concrète ces aptitudes, l'Institut Doctorium agit sur deux volets. Il propose, d'abord, des prestations de conseil pour lancer les entreprises sur leurs projets de R&D. Partenaire de la CGPME, l'association s'appuie en interne sur deux docteurs mais aussi sur un réseau d'une dizaine d'enseignants-chercheurs freelance.

L'association propose, aussi, de former les thésards, au sein des écoles doctorales, à instruire des demandes de financement public. Une manière, pour les entreprises, de se passer de l'expertise de cabinets spécialisés dont les prestations peuvent s'avérer coûteuses. 

Les premiers résultats sont encourageants. D'après les chiffres de la structure, dix entreprises ont engagé des processus de recrutement depuis décembre dernier. Objectif ? Atteindre 50 recrutements d'ici à la fin de l'exercice 2015.