Timidité des politiques publiques, prudence des entreprises, permanence des stéréotypes… Les portes des entreprises ont toujours du mal à s’ouvrir aux jeunes diplômés des banlieues populaires. Malgré nombre d’initiatives. Le gâchis est énorme, il y a urgence.
La séquence « banlieues » survivra-t-elle, dans l’agenda politique, aux attentats du 13 novembre ? Ou en sortira-t-elle renforcée ? Il est trop tôt pour le dire. Mais, pour le dixième anniversaire des émeutes de novembre 2005, les annonces se sont multipliées, avec des descentes symboliques sur le terrain. Fin octobre, le président Hollande a choisi la pépinière d’entreprises de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) pour lancer l’agence France Entrepreneur, qui doit multiplier par quatre le nombre d’entreprises créées dans les quartiers d’ici à 2017.
Un peu plus tard, il recevait l’association Nos quartiers ont des talents, qui met en contact jeunes diplômés et entreprises. Un symbole alors que le gouvernement entend doubler le nombre de jeunes parrainés pour le porter à 60 000 d’ici à deux ans. Une semaine après, aux Mureaux (Yvelines), Manuel Valls rappelait le lancement cet hiver d’un testing national sur les discriminations à l’embauche auprès des grandes entreprises.
Ce n’est pas trop tôt, vu la dramatique situation de l’emploi dans les 1 300 quartiers prioritaires. Déjà fragiles économiquement, ils ont subi de plein fouet la crise financière de 2008. Chez les jeunes, souvent issus de l’immigration, le taux de chômage explose, jusqu’à atteindre 45 % chez les 15-24 ans ! Presque le double de la moyenne nationale.
Si les moins qualifiés sont en première ligne, les diplômés ont aussi du mal à tirer leur épingle du jeu. Davantage universitaires que diplômés d’école, les jeunes des quartiers accèdent moins souvent à l’emploi que les autres. Dans la dernière enquête Génération du Cereq, menée en 2013 auprès des diplômés de 2010, un chiffre à paraître fait froid dans le dos : 17 % des bac + 5 et plus issus des zones urbaines sensibles sont au chômage trois ans après l’obtention de leur diplôme, contre 9 % pour les autres…