Érigés en héros, les entrepreneurs ont le vent en poupe. La fièvre de la création se répand, boostée par le numérique – et par le chômage. À terme, le modèle du salariat pourrait bien vaciller.
«Vous êtes des héros, les aventuriers de cette nouvelle révolution industrielle qui se profile; vous êtes nos stars!» Pour galvaniser une foule d’entrepreneurs, Xavier Niel, l’emblématique patron de Free, ne fait pas dans la demi-mesure. Réunie en juin par la Banque publique d’investissement pour «célébrer» l’innovation, la grande communauté des entrepreneurs a eu droit à un shoot d’optimisme.
Dans les discours, le start-upper est devenu le symbole d’une France enthousiaste. Celle qui gagne, qui tourne le dos au chômage. Quand bien même ces discours remâchent des slogans qui ont fait les beaux jours des années 70. «En France, on n’a pas de pétrole mais on a… des start-up» assure CCI France qui lance un Atlas des start-up. Objectif: montrer que «chaque entrepreneur peut avoir l’ambition de devenir un champion mondial où qu’il se trouve en France». Rien de moins ! Il faut dire que l’Hexagone peut se targuer de quelques belles réussites comme Blablacar, Vente-privée ou encore Criteo.
Pour faire éclore de futurs champions, permettre aux entrepreneurs de tester leurs projets, la France s’est dotée d’une kyrielle d’outils: incubateurs, accélérateurs, couveuses, Pépite, fab labs… Et d’une banque: Bpifrance, qui se veut un réseau social pour les entrepreneurs. à sa tête, Nicolas Dufourcq rêve de faire de la France, «un pays entrepreneurial et non plus salarial».
Pas une collectivité régionale, une fondation, une chambre de commerce qui n’ait développé son concours de création d’entreprise ; pas une école ou une fac qui ne se soit engouffrée dans la brèche pour créer des formations ad hoc. Même les grandes entreprises veulent prendre leur part. Pour capter l’innovation et faire du business en se dotant, par exemple, d’incubateurs.