Le secrétaire d'Etat entame un vaste chantier de remise à plat des missions de l'Etat. Pour faire le tri, Thierry Mandon applique la même méthode que pour simplifier la vie des entreprises : partir du terrain pour faire remonter des propositions.
Ça pourrait ressembler à un grand ménage. C'est en réalité plus un dépoussiérage de ce que sont les missions actuelles de l'Etat et un recentrage vers ce qu'elles devront être demain. Objectifs de ce passage en revue? Réduire les inégalités, accroître la proximité avec les citoyens et augmenter l'efficacité de l'action publique.
Un millier ont déjà été recensées par les différents ministères. Pour les actualiser et les confronter au terrain, une vaste concertation a démarré en novembre auprès des collectivités territoriales et des agents. Durant deux mois, 14 territoires (Val-d'Oise, Cher, Nord, Aquitaine, Pays-de-Loire, Alsace...) choisis pour leur diversité et leurs spécificités vont plancher sur 23 thèmes identifiés par le gouvernement. Les groupes de travail associent agents publics et syndicats de la fonction publique, collectivités territoriales (conseils généraux et régionaux, communes...) et bénéficiaires (usagers, entreprises, associations).
Démarche participative
Qu'on demande leur avis aux territoires avant de tout décider d'en haut est une vraie révolution. La RGPP (révision générale des politiques publiques) et la MAP (modernisation de l'action publique), avec leurs lots de coupes budgétaires, ont fait du mal à la fonction publique et braqué les équipes hostiles à toute nouvelle réforme. Cette revue des missions de l'Etat demeure inédite de par sa méthodologie. Développement et mutations économiques, emploi... Chacun listera les rôles des pouvoirs publics et les différents échelons intervenants.
"C'est un changement culturel, estime Thierry Mandon, secrétaire d'Etat chargé de la réforme de l'Etat et de la simplification. La réflexion de l'Etat sur ses missions est irriguée par le débat collectif, c'est une démarche participative." D'ici fin janvier, le tout remontera à Paris et un rapport d'étape sera rédigé. Au cours du premier semestre 2015, le gouvernement arrêtera ses décisions – les premières concernant l'emploi, le travail, la formation professionnelle tomberont en mars – et fixera à chaque ministère une feuille de route pour les deux prochaines années.
Pas de coupes claires
Comme il l'a fait pour simplifier la vie des entreprises, cet ancien consultant en ressources humaines sonde le terrain pour en tirer des solutions pragmatiques. L'idée étant que l'Etat recentre son action sur les missions à forte plus-value. "C'est un acte de foi de la puissance publique, pas un travail de rabotage ou de coupes claires, mais de redéfinition de ses principes d'action", poursuit le secrétaire d'Etat. Cette décentralisation qui ne dit pas son nom avance en parallèle de la réforme territoriale. Les préfectures pourraient voir leur rôle évoluer et certains agents leurs compétences modifiées. Un projet au long cours qui risque de se heurter à la fin du quinquennat...