Les dirigeants parlent beaucoup de la responsabilité sociétale des entreprises. Mais agissent peu, si l’on en croit un sondage Viavoice. Les salariés se disent pourtant prêts à s'impliquer davantage.
Voilà bientôt 20 ans que le concept de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est en vogue dans les milieux patronaux. Et pourtant, les dirigeants peinent encore à passer aux actes, d’après les résultats d’un sondage Viavoice réalisé pour Ekodev, Des Enjeux et des hommes et Mindded.
Administrée au printemps auprès de 1001 salariés français employés dans des entreprises de 250 personnes et plus, l’enquête n’est pas très tendre avec les directions. Elle révèle que les collaborateurs ne sont que 5% à considérer que leur employeur accorde « réellement » une place « très importante » aux questions de responsabilité sociétale. Un taux qui monte à 43% si on y inclut ceux qui jugent que leur entreprise accorde une place « assez importante ».
Des salariés mal informés
À quelques semaines de la COP 21, le résultat n’est pas très flatteur. D’autant moins que les travailleurs, eux, disent ne pas traîner les pieds sur ces enjeux. « Si cela dépendait uniquement d’(eux) », ils sont ainsi respectivement 13 % et 65% à affirmer qu’ils accorderaient une place « très importante » ou « assez importante » aux sujets portant sur la RSE.
Conséquence logique, les salariés souhaitent donc, à 70%, que leur entreprise « s’investisse davantage » sur ces questions. Et qu’elle communique mieux, aussi, puisque 59% des personnes interrogées avouent être « mal informées » des actions mises en œuvre par leur entreprise. Sur ce dernier point, ils réclament l’organisation de réunions internes et des événements de sensibilisation. Pas seulement la rédaction d’articles dans le journal interne, outil privilégié des directions.
Enjeux internes
À l’heure où le désengagement et l’individualisme font des ravages dans les collectifs de travail, les directions auraient, d’après le sondage, tout à gagner à faire de la RSE un axe fort de leurs politiques managériales et RH. Car les salariés se disent, à 59%, prêts à s’impliquer dans les initiatives que pourrait prendre leur patron. Raison principale ? L’envie d’être acteur du changement, citée en premier par près d’un tiers de l’échantillon.
En matière de RSE, les enjeux plébiscités par les salariés restent internes. Il ne s’agit pas tant d’agir sur l’environnement extérieur à l’entreprise que d’améliorer les process internes. Les « relations et conditions de travail » arrivent ainsi largement en tête des domaines dans lesquels les directions sont invitées à s’activer. Suivent les « droits de l’homme » (respect du droit syndical, lutte contre les discriminations, etc.), la « gouvernance de l’organisation » et l’« environnement ».