Consultés par référendum, les salariés du vaisseau-amiral du parfumeur ont approuvé à 96,6% le travail jusqu'à minuit. Avec les contreparties définies dans l'accord signé par la CFTC, la CFDT et la CFE-CGC.
C’est ce qu’on appelle un vote sans équivoque. Consultés par référendum, depuis samedi 3 octobre et jusqu’à ce matin, les salariés du magasin Sephora des Champs-Elysées (groupe LVMH) se sont très massivement prononcés en faveur de l’accord « sur le travail de soirée », signé le 16 septembre par la CFTC, la CFDT et la CFE-CGC. Sur les 146 salariés en CDI consultés, 96,6% ont dit « oui » à l’ouverture du magasin après 21 heures, avec les contreparties définies dans l’accord.
Elles sont strictement alignées sur les contreparties minimales imposées par la loi Macron, qui autorise tous les commerces situés dans les nouvelles « zones touristiques internationales » (ZTI) à faire travailler leurs salariés volontaires entre 21 heures et minuit s’il y a signature d’un accord collectif sur le sujet. L’accord du Sephora des Champs-Elysées reprend le paiement double, et une récupération des heures travaillées entre 21 heures et minuit. Il assure aussi une prise en charge des frais de garde d’enfant (12 euros net par heure) et du retour en taxi à partir de 23 heures.
Mieux que chez Marionnaud
Le suspense sur l’issue du vote était limité dans ce magasin connu pour la proportion importante de salariés pro-travail en soirée. Quand la justice l’a contraint fin 2013 à fermer ses portes à la clientèle accueillie en soirée (depuis 1996!), 101 salariés se sont retournés contre les syndicats à l’origine de l’affaire, réunis au sein de l’intersyndicale du commerce parisien Clic-P. Et les ont assignés en justice.
Le syndicat Solidaires, qui a fait opposition à l’accord du 16 septembre et dénonce son illégalité, n’a visiblement pas été entendu. Ni le Clic-P, qui a dénoncé un « accord au rabais » et « un plébiscite digne d’une République bananière » avant même que les résultats du référendum ne soient connus. « Les organisations non-signataires ont été écartées de l’organisation et du contrôle du scrutin et aucun débat n’a été possible », a expliqué l’intersyndicale.
« Le vote n’était qu’une formalité, concède pour sa part Guillaume Martin, DSC à la CFTC, premier syndicat de l’enseigne qui a fait campagne pour la réouverture. Il se dit conforté par « ce triomphe ». « L’approbation des salariés est même plus massive que chez Marionnaud », remarque un militant syndical. Le concurrent de Sephora sur la prestigieuse avenue a également soumis à l’approbation des salariés son accord sur le travail dit « en soirée ». Il n’a recueilli que… 95% de oui. Le texte est pourtant mieux-disant que celui de Sephora, puisqu’il propose une majoration de 115% de chaque heure travaillée entre 21 heures et minuit.