Le leader français du négoce de matériaux développe un exosquelette pour réduire la pénibilité induite par la manutention. Cet équipement, conçu par RD3B, sera déployé dès septembre dans une dizaine d’agences pilotes.
Ce n’est plus qu’une question de mois. Dès la rentrée, Point.P Travaux publics, le leader français du négoce de matériaux, proposera aux manutentionnaires d’une dizaine de ses points de vente (sur un total de soixante) de s’équiper d’un exosquelette pour réduire la pénibilité de leur poste de travail. L’équipement, qui se présente comme une armature équipée de bras et de jambes donnant à l’utilisateur de nouvelles capacité physique, est en cours de développement avec la société auxerroise RB3D, connue pour avoir créé des applications militaires. Mais le partenariat est ancien, motivé par l’objectif d’améliorer les conditions de travail et de réduire les TMS (troubles musculosquelettiques).
«Cela fait deux ans que nous avons engagé une réflexion avec RB3D sur le meilleur équipement susceptible de réduire la pénibilité liées aux gestes de manutention dans les points de vente. Nos collaborateurs disposent déjà de tout l’équipement de levage ou de transfert de charges (charriot-élévateur, grue, etc) disponible sur le marché pour l’assister au quotidien. Mais il reste une part importante de manipulation manuelle. Si on veux en réduire la pénibilité, il faut innover», commente Hervé Biancarelli, le directeur général de Point.P Travaux publics.
Redorer la marque employeur
La piste du cobot – un robot collaboratif se présentant sous la forme de bras articulés attachés à une potence - a vite été abandonnée. « Le cobot est plus adapté à l’univers de l’usine qu’à celui des agences de négoce, où la température varie, où les manutentionnaires déplacent des matériaux de forme et de volume très différents, des sacs de ciment aux tuyaux et pièces de raccordement », précise le dirigeant. « Exo-Up », nom de baptême de l’exosquelette qui s’enfile en quelques secondes, doit répondre à cette diversité des postures. Il sera capable d’assister l’opérateur même dans les mouvements de torsion ou lorsqu’il s’accroupit. Surtout, il réduira presque à néant la sensation de portage de charges lourdes jusqu’à 40 kilos.
La filiale de Saint-Gobain en attend une nette amélioration des conditions de travail. Elle s’est fixée comme objectif, à moyen terme, de porter de 6 à 0 le taux de fréquence des accidents du travail avec arrêt (mesurant le nombre d’accidents par million d’heures travaillées). Contrairement à d’autres secteurs, Point.P Travaux publics dit ne pas raisonner en terme d’amélioration de la productivité. « Exo-Up est d’abord un investissement pour réduire la pénibilité du travail », martèle Hervé Biancarelli.
Il sera aussi, demain, un argument de poids pour améliorer la marque employeur et attirer de nouveaux candidats vers la manutention. « Nous voulons attirer les meilleurs collaborateurs. Améliorer nettement les conditions de travail des manutentionnaires, c’est se donner la possibilité d’ouvrir le recrutement aux femmes par exemple », explique le dirigeant qui déplore l’image de travaux pénibles encore associée au négoce de matériaux. En dotant ses manutentionnaires d’exosquelettes, Point.P Travaux publics entend bien marquer sa différence.