L’administration pénitentiaire peine à recruter et, surtout, à retenir ses gardiens. En cause, des conditions de travail très dégradées. Depuis la vague de suicides de 2009, elle s’est attaquée aux risques psychosociaux. Très timidement.
Impossible de les rater. Depuis octobre, des panneaux présentant un beau surveillant de prison à l’air épanoui ont fleuri dans les rues et les gares. Objectif de cette campagne de l’administration pénitentiaire ? Embaucher 1 500 personnes en 2016. À rebours de cette vision idyllique, les agents ont manifesté leur ras-le-bol le 22 octobre, sous les fenêtres de la garde des Sceaux. Après une première rencontre sans résultat avec Christiane Taubira – et un arrêt du mouvement en raison des attentats à Paris –, la négociation a repris. Nouvel élément, l’annonce par François Hollande, devant le Congrès, de la création de 2 500 postes à la Justice. Mais combien pour la pénitentiaire ?
Avec 1 437 postes actuellement vacants et 777 départs à la retraite prévus d’ici à 2017, le recrutement des gardiens ressemble au tonneau des Danaïdes. Or il est difficile de relâcher encore les critères de sélection du concours d’entrée à l’École nationale d’administration pénitentiaire (Enap). Il est déjà accessible au niveau brevet des collèges, et jusqu’à l’âge de 42 ans ! La profession pâtit aussi d’un fort turnover, avec 99 démissions et 25 abandons dès l’Enap, en 2014.
Fonctionnaires de catégorie C, les surveillants débutent avec un salaire net de 1 543 euros. Ils peuvent évoluer vers des postes d’encadrement, voire de commandement, par concours et promotions. Garants de la sécurité et premiers interlocuteurs des détenus, ils constituent aussi un rouage de la réinsertion. En théorie. « Cette dernière fonction, on la laisse dans notre poche, faute de temps », regrette Michel, en poste dans une prison bretonne. Pour cause de surpopulation carcérale et de sous-effectif, ils se trouvent réduits au rôle de « porte-clés », courant toute la journée.