Craignant de plomber leur carrière, les salariés français hésitent avant de poser un arrêt de travail. C'est un des enseignements de l'étude du cabinet Réhalto qui croise le regard que portent les DRH et les salariés sur l'absentéisme et ses effets.
Quels regards, les salariés et les DRH portent-ils sur les effets de l’absentéisme ? A en croire l’enquête de la société Réhalto, spécialiste de la prévention des arrêts de travail, menée en partenariat avec Opinionway, ils sont loin de converger. Et notamment dans le cadre des arrêts de travail de longue durée et de leurs effets sur la carrière professionnelle.
L’écart entre la perception des DRH et des salariés est de… 56 points. Les DRH auraient du mal à admettre qu’un salarié trop souvent absent sera forcément pénalisé sur son évolution professionnelle. De leur côté, les salariés ne fantasmeraient-ils pas les effets pervers d’un arrêt de travail trop long?
Ce que montre surtout l'étude, c’est que ces derniers réfléchissent à deux fois avant de s’absenter du bureau. 42% des salariés interrogés par Opinionway déclarent ainsi qu’ils ne poseraient pas d’arrêt de travail même si cela était nécessaire.
« Un chiffre qui traduit le sentiment d’insécurité de certains salariés, analyse Christian Mainguy, directeur général de Réhalto. Il casse aussi l’idée que les salariés français abuseraient des arrêts de travail. » Selon l’étude, le taux moyen d’absentéisme dans les entreprises françaises de plus de 50 salariés est estimé à 2,5% en 2014. Un chiffre qui diffère selon la taille de l’entreprise, mais surtout selon le secteur d’activité.
DRH et salariés ne partagent pas non plus totalement les motifs à l’origine des arrêts. Quand 84% des DRH estiment que l’essentiel des arrêts dans leur entreprise sont liés à la maladie, ou à des difficultés personnelles (10%), seuls 5% les relient directement à l’environnement professionnel. Sur ce dernier point, l’écart de perception avec les salariés est à nouveau significatif : 20% des sondés qui ont connu un arrêt de travail font un lien direct entre cet arrêt et leur environnement de travail.
Alors que l’absentéisme est un véritable indicateur de la santé de l’entreprise et de son climat social, l’étude pointe la relative méconnaissance des DRH sur le sujet. Si 65% des DRH interrogés s’accordent à reconnaître l’impact négatif des arrêts de travail sur la performance économique de leur entreprise, ils sont, dans une écrasante majorité, incapables de chiffrer leur coût ! Seuls 9% des DRH disent en avoir une idée précise et ceux-ci estiment en moyenne son coût à 2,3% de la masse salariale de leur entreprise.
Une absence d’intérêt qui interroge quand dans le même temps, 49% des DRH déclarent avoir mis en place des dispositifs de contrôle des arrêts. Ce qui est évident, c'est qu'ils sont peu à l'aise avec ce sujet. Quatre DRH sur dix expriment en effet des difficultés à faire face à la problématique des arrêts de travail. Alors même que 24% salariés souhaitent être mieux accompagnés par leur entreprise dans cette période. Et que ce taux grimpe à 45% pour les salariés ayant connu des arrêts de longue durée. Un constat qui pourrait inciter les DRH à sérieusement se pencher sur la question.