Petit à petit, les robots gagnent le secteur des services. Nous remplaceront-ils demain? Personne ne sait. Encore assimilés, en France, à une cause de chômage, ils concourent aussi à améliorer les conditions de travail.
On y est, le futur investit nos maisons de retraite ! Cet automne, une dizaine d’établissements testent le petit robot humanoïde Zora, conçu pour apporter «aide et assistance» au personnel. Sa voix est métallique et sa démarche un peu mécanique. Mais du haut de ses 58 centimètres, il fait le «taf»: stimuler l’intérêt, la mémoire, les muscles endormis des résidents. En parfait adjoint des animateurs et ergothérapeutes. Qu’il converse ou montre des gestes de gymnastique.
Quatre mois après l’arrivée de Zora à la résidence Les Balcons de Tivoli, au Bouscat près de Bordeaux, l’enthousiasme est intact. Et toute appréhension éteinte. «Le robot n’est pas le personnel soignant de demain. Il participe à des activités mais ne les initie pas de lui-même», précise la directrice, Sylvie Cailliet-Creppy. Derrière une tablette, le personnel est nécessairement à la manœuvre. N’empêche, pour écarter toute confusion, l’humanoïde, déjà présenté aux résidents de façon dépersonnalisée, va être rebaptisé. «Il doit rester au stade d’objet, dans le regard des résidents comme du personnel», martèle Sylvie Cailliet-Creppy. À chacun sa place.
Ce changement d’identité en dit long sur les craintes suscitées par la robotisation. Elles n’ont pas fini de se manifester. Car une nouvelle génération de machines, portée par les progrès en mécatronique et en systèmes embarqués, sort des ateliers industriels et gagne les services, secteur de main-d’œuvre par excellence. Rien d’une déferlante. Mais, depuis quelques mois, on croise dans les couloirs de certains hôpitaux des robots coursiers, capables de se déplacer dans un environnement non prévisible et d’aller délivrer des médicaments à la place des aides-soignants. Des robots gardiens commencent à être intégrés aux équipes de surveillance. Chez une poignée de maraîchers, les saisonniers ont laissé la place à un robot désherbeur, réputé biner très vite et sans tasser le terrain.