Au salon La Fabrique du changement, organisé à Nantes les 11 et 12 mai, quatre PME nantaises démontrent que la responsabilité sociétale des entreprises est à la portée de toutes les organisations. Et qu’elle peut être un levier d’engagement des salariés.
Pas besoin d’être un grand groupe pour mener une politique active de RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Quatre PME nantaises en ont fait la démonstration lors d’une table-ronde qui s’est tenue le 11 mai à Nantes, à l’occasion de l’événement La Fabrique du changement *.
Certes, trois de ces PME sur quatre ont créé une activité en lien avec la préservation de l’environnement (recyclage, produits bio), ce qui explique une certaine appétence pour le sujet.
Pour autant « la démarche est quand même reproductible dans tous les secteurs car c’est avant tout du bon sens », insiste Olivier Humeau, à la tête de Solutions Recyclage, une TPE de 8 personnes spécialisée dans la collecte et la transformation des déchets d’entreprise en petits volumes.
Le dirigeant cite en exemple la prévention de la pénibilité. Soumis à des gestes répétitifs, les collecteurs de déchets ont droit à une séance de massage hebdomadaire par un kiné et un ostéopathe. « L’objectif est que les gens soient contents de venir travailler et commencent leur week-end sans mal de dos. On a bien un carnet d’entretien pour les véhicules et on négligerait les hommes ? »
Evolution du marché et demande des clients
Chez Kerbio, une entreprise de livraison de paniers bio créée il y a 6 ans, Stéphane Fontaine déclare « faire de la RSE sans le savoir » : pratique du recyclage et du circuit court, télétravail (alors que l’entreprise compte 7 personnes !), budget de formation important.
Longtemps rétif à communiquer sur le sujet, il a évolué depuis que le groupe les Côteaux Nantais, auquel Kerbio appartient, a formalisé les pratiques RSE de toutes ses entités. Ce groupe de 150 personnes a créé un poste de responsable RSE et s’est doté d’un comité de pilotage ainsi que d’un référentiel qui a fait l’objet d’un audit.
L'entreprise a monté un projet d’éco-village dans le sud de la Loire-Atlantique. « Les évolutions du marché et les demandes des parties prenantes poussent à parler de ce qu’on fait. Les clients des pays nordiques nous interrogent sur la RSE, les nouvelles générations y sont sensibles, on le voit quand on rencontre des étudiants », précise le dirigeant.
L'engagement des salariés
L’activité de Connexing – vente, réparation et reprise de téléphone éco-recyclés – la prédisposait à s’engager dans la RSE. Bien avant d’obtenir, en 2015, le label Lucie (label de référence dans le domaine), la PME qui compte aujourd’hui une trentaine de salariés, a multiplié les actions : prévention des TMS, télétravail, congés solidaires dans le cadre d’un partenariat avec l’ONG Planète Urgence, etc.
« Le premier bénéfice de cette démarche, c’est l’engagement des salariés. Cela nous a permis de recruter des gens motivés. Nous nous sommes lancés pendant la crise. Si nous n’avions pas eu une politique de RSE très développée, nous n’aurions pas eu cette pérennité. Aujourd’hui, nous avons des filiales en Belgique, en Italie, bientôt en Espagne. De fait, la RSE crée de l’économie », constate Hubert Poupelin, directeur du marketing.
« Agir pour que ça dure : cela pourrait être une autre définition de la RSE », estime Dominique Goubault. Le dirigeant de l’imprimerie du même nom sait de quoi il parle. Son entreprise est née il y a tout juste 120 ans. Lui aussi pense que la RSE, « c’est du bon sens ». Ce qu'il traduit en l’occurrence par « gagner de l’argent, mais pas sur le dos des salariés, des fournisseurs et des clients. Et distribuer le profit ».
On aimerait voir ce « bon sens » davantage partagé… Chez ce patron engagé (ancien du Centre des Jeunes dirigeants, co-créateurs des Dirigeants responsables de l’Ouest), le plan d’actions RSE est nourri par les idées des collaborateurs. « On a une centaine d'actions en cours. Une fois que les objectifs sont atteints, on en réinvente ».
Plateforme RSE
Ces entreprises ne sont pas des cas isolés. Mais le territoire nantais est propice à la RSE. La responsabilité sociétale des entreprises est en effet boostée depuis 2012 par une plateforme dédiée à ce sujet, qui a été créée à l’initiative de Nantes Métropole soutenues par des acteurs économiques, sociaux, académiques…
« Elle joue un rôle d’orientation des TPE vers les bons partenaires, crée des synergies, valorise les initiatives. Des fonds de financement spécifiques ont été aussi lancés, explique Karine Gingreau, responsable de cette plateforme. Nous souhaitons être un facilitateur, pour montrer ce qu’est la RSE et qu’elle est accessible aux TPE ».
*Ce rendez-vous professionnel en est à sa 4e édition à Nantes. Il valorise le partage d’expériences et les bonnes pratiques en matière de conduite du changement. Prochaines dates : 18 mai à Toulouse ; 23 mai à Bordeaux.