Bien mais peut mieux faire. Ainsi va la parité dans les sphères dirigeantes des grandes entreprises. Si les compétences et l’engagement des femmes ne sont plus à démontrer, les stéréotypes et habitudes ont la vie dure.
L’état des lieux est contrasté. À quatre mois de la date butoir fixée par la loi Copé-Zimmermann, qui prévoit 40 % de femmes au sein des conseils d’administration à l’horizon 2017, les entreprises sont encore loin du compte. Certes, leur part a triplé entre 2009 et 2015 dans les conseils des entreprises du CAC 40. On en compte ainsi 34 % aujourd’hui, selon une évaluation du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes et du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (CSEP). Mais, toutes entreprises cotées confondues, le chiffre tombe à 27,8 % des sièges. Et même à… 14,2 % dans les 400 sociétés non cotées également concernées par la loi.
D’ici à la fin de l’année, 1 265 mandats d’administratrices sont ainsi à pourvoir, en théorie, dans les entreprises privées visées par la loi. « Souvent, les entreprises ont une méconnaissance de la loi », déplore Brigitte Grésy, secrétaire générale du CSEP. D’autres dirigeants, au contraire bien informés, adoptent des stratégies de contournement. Par exemple en changeant le statut juridique de l’entreprise ou en diminuant le nombre d’administrateurs. Et pour cause, au-dessous de huit, ils échappent à l’obligation légale ! D’autres, enfin, justifient leur manque de mixité par un vivier trop réduit de dirigeantes, qui rend les recrutements ardus.
De plus, les vieilles habitudes ont la peau dure. Les patrons de grande entreprise, essentiellement masculins, ont coutume de sélectionner par cooptation. « Les conseils d’administration restent l’espace suprême de direction de l’entreprise, rappelle Sarah Saint Michel, maître de conférences à la Sorbonne et coauteure d’Hommes, femmes, leadership : mode d’emploi (éditions Pearson, 2016). Plus on monte dans la hiérarchie, moins il y a de femmes. Les stéréotypes restent bien présents. Plus que jamais, les modèles de leadership sont à repenser pour en finir avec l’hégémonie de l’homme blanc âgé de 40 à 60 ans. »