D’après le baromètre annuel de la Carac, l’entraide financière familiale ne faiblit pas malgré la crise. Le focus sur les « aidants familiaux » montre cependant que le soutien aux proches âgés représente une lourde responsabilité.
Bonne nouvelle, les Français retrouvent un peu le moral. C’est ce que révèle la deuxième édition du baromètre de la mutuelle d’épargne et de retraite Carac, sur l’entraide financière dans le cercle familial, réalisé avec l’institut OpinionWay.
En effet, ils sont 75% à avoir peur de l’avenir, soit 6 points de moins qu’en 2016 (81%). Un chiffre qui n’étonne pas Bernard Altariba, Directeur des adhérents de la Carac : « La crise s’éloigne, elle a déjà près de dix ans, les gens commencent à se dire que c’est derrière eux ».
Cependant, les résultats de l’enquête montrent que la famille constitue toujours un rempart contre la précarité. La preuve, dans ce contexte économique encore incertain, la grande majorité des Français affirment que l’entraide est d’évidence un devoir pour la famille.
Huit millions d'aidants familiaux
Ceux d’entre eux qui s’occupent de leurs proches âgés ou malades se font appeler « les aidants familiaux ». Cette année, le baromètre s’accompagne d’une enquête sur ces anonymes qui consacrent temps et argent au soutien d’une personne qui dépend d’eux. D’après l’Association française des aidants, ils sont aujourd’hui plus de 8 millions en France à agir pour le bien-être d’un membre de leur famille en perte d’autonomie.
Soutien moral, présence physique, achats de médicaments, courses, promenades…Les aidants consacrent en moyenne 16h par semaine à l’un de leurs proches. Une activité qui déteint forcément sur la vie au quotidien et particulièrement sur le travail. En 2017, 75% ont déclaré que leur activité avait un impact important sur leur vie professionnelle, marquée par la fatigue et le stress
Droit au répit
Claudie Kulak, de la Compagnie des aidants, ajoute que « l’écrasante majorité des salariés ne se déclarent pas comme aidant familial auprès de leur DRH. Ils ont peur qu’on leur refuse une promotion. C’est l’inverse dans les pays scandinaves, qui sont de vraies sociétés d’entraide ».
Ces aidants sont souvent isolés et peu informés sur les dispositifs d’aide qui existent. Ainsi, seuls 1% des aidants interrogés ont bénéficié du « droit au répit » voté en 2015, qui peut aider à financer l’accueil de la personne aidée dans des structures d’accueil. Un pourcentage véritablement préoccupant dans la mesure où les deux tiers des aidants dépensent en moyenne près de 2000 euros par an pour soutenir leurs proches âgés
Depuis le 1er janvier 2017, les aidants peuvent également bénéficier d’un « congé de proche aidant ». Cependant, il s’agit d’un congé sans solde. Résultat, « personne ne le prend. Car aider un proche coûte cher », affirme Claudie Kulak. Pour Bernard Altariba, « il serait peut-être temps d’ériger les aidants en grande cause nationale ».
Développement de compétences
Sans surprise, les aidants familiaux sont avant tout des aidantes, qui ont souvent plus de 50 ans. Parfois, ces femmes démissionnent pour consacrer plus de temps à leurs proches. Problème, elles ne sont pas rémunérées pour leur activité, à laquelle elles peuvent pourtant consacrer près de trente heures par semaine, soit un quasi-temps complet.
Pour Claudie Kulak, « Ce n’est pas normal. L’Etat, la Sécurité sociale ou les mutuelles devraient pouvoir leur offrir une compensation financière ». La situation est d’autant plus problématique que, souligne t-elle, « une fois le parent décédé, ces femmes se retrouvent sans ressources et sans espoir d’être embauchées nulle part.
Alors qu’elles ont développé des compétences, notamment dans le service à la personne. C’est vraiment regrettable, surtout lorsqu’on sait que, dans les années à venir, ce secteur va recruter près d’un million de personnes ».