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La CFE-CGC dénonce les pressions chez SFR

Liaisons Sociales Magazine | Condition de travail | publié le : 17.12.2015 | Eric Béal

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Le syndicat CFE-CGC de SFR accuse la direction de mettre la pression sur les troupes pour dégager des surprofits et financer la maison mère. Il en appelle au gouvernement.  

L’initiative ne fait pas l’unanimité en interne. Mais personne ne conteste le malaise chez SFR. Dans une lettre datée du 2 décembre, Sana Iffach, déléguée CFE-CGC chez SFR, Laurent Lucas, président du Syndicat national des Télécoms CFE-CGC et Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC d’Orange, alertent la secrétaire d’État chargée du Numérique et les ministres de l’Économie et du Travail «sur la situation très préoccupante des salariés de Numericable-SFR». Et leur demandent «d’intervenir au plus tôt pour travailler à l’apaisement d’un contexte qui rappelle de manière très inquiétante les prémices de la crise sociale intervenue en 2009 chez France Télécom».

Les auteurs dénoncent « les acquisitions tous azimuts du groupe Altice, maison mère de Numericable-SFR, supportées par un endettement vertigineux (qui) sont de plus en plus inquiétantes pour la pérennité des entreprises rachetées ». Ils rappellent que leur entreprise est épinglée publiquement par Bercy pour non-respect des délais de paiement des factures fournisseurs. Et expliquent que certains salariés sont directement impactés par cette situation, notamment «tous ceux qui sont en contact avec les sous-traitants, dépendants de leur activité, ou (qui) ne disposent plus des moyens nécessaires à l’exercice normal de leur métier…»

Au bord du burn-out

Ils pointent enfin du doigt la chute des investissements, des pertes importantes de clients (1,2 millions en un an) ainsi que le versement de dividendes généreux à l’actionnaire principal, qui oblige SFR à emprunter 1,6 milliard d’euros pour disposer de liquidités suffisantes. Pour les syndicalistes, ce contexte se révèle très dégradé et anxiogène. «Les départs volontaires se succèdent et les salariés qui restent ont de plus en plus de mal à faire face», assurent-ils. Et ceux-ci de préciser que les arrêts maladie se multiplient et que les équipes sont au bord du burn-out.

Sana Iffach, la déléguée centrale CFE-CGC de SFR, est elle-même en arrêt de travail. «Entre novembre 2014 et août 2015, 398 personnes ont quitté l’entreprise. Et notre directeur général a présenté quinze projets qui sont autant de mini plans sociaux», affirme-t-elle. Beaucoup de partants seraient des commerciaux et des managers. Les premiers parce que les réorganisations de service leur auraient fait perdre jusqu’à 30% de leurs revenus, les seconds parce que leurs responsabilités se réduiraient. Tels ces chefs de projet repositionnés sur des postes de techniciens après la fin de contrats de sous-traitance.

Initiative contestée

Cette dénonciation en place publique n'est guère soutenue par les autres syndicats. «C’est vrai que les conditions de travail ont tendance à se détériorer avec le départ des prestataires et l’internalisation des travaux. Mais la situation ne justifie pas un courrier aussi alarmiste», estime Fabrice Tradas, délégué syndical Unsa. Idem à la CFDT, qui juge l'initiative inopportune en cette période de Noël qui représente 25% du chiffre d’affaires annuel. «On préfère mettre la pression sur la direction pendant les réunions de CCE», explique le syndicat.

Sous couvert d’anonymat, un élu du CE précise que le courrier n’a pas été bien reçu en interne. «Nous n’avons aucun chiffre mesurant une explosion des arrêts maladie. Certes, les salariés sont angoissés par l’absence de perspectives. Mais la plupart sont aussi plus jeunes et plus habitués à changer d’entreprise que ceux d’Orange. Le danger, c’est qu’ils se démotivent et baissent les bras en attendant de trouver un job ailleurs», confie-t-il.

Interpellé, le gouvernement se doit de réagir. De source ministérielle, une délégation de représentants CFE-CGC s'est rendue à Bercy. Leur demande d'une médiation pour «stopper la violence sociale et ramener la direction de SFR à la raison» aurait été écoutée attentivement. Reste à savoir de quelles prérogatives dispose l'Etat pour « assurer la pérennité de la filière française des télécoms » et « préserver les emplois et la santé des salariés », comme le souhaite la CFE-CGC.

Auteur

  • Eric Béal

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