À l’occasion de la COP 21, un groupe d’universitaires, de chefs d’entreprises et d'ONG de Toulouse ont décidé de juger la RSE aux assises. Un faux procès à portée pédagogique.
Un procès d’assises comme si vous y étiez ! Avec un président, des jurés, un procureur et un avocat de la défense, des experts judiciaires, des témoins… Le premier grand (et faux) procès de la responsabilité sociale des entreprises qui s’ouvre aujourd’hui à Toulouse ne fait pas dans la demi-mesure. Appelée à la barre, la RSE devra répondre à trois chefs d’accusation : elle serait un frein à la création de valeur, une utopie inatteignable et un alibi pour les grandes entreprises.
À l’initiative de cet événement, Daniel Luciani, membre du Centre des jeunes dirigeants (CJD) et patron de l’agence de communication ICOM, et Jacques Igalens, professeur à l’IAE de Toulouse et expert reconnu du sujet. « L’idée a enthousiasmé les ONG, les réseaux de dirigeants comme le Medef 31 et le CJD, les universitaires, explique Jacques Igalens. Notre objectif est de faire avancer la cause. Mais nous tenons à ce que tous les points de vue s’expriment sans langue de bois.»
À guichets fermés
Défenseurs et détracteurs de la RSE vont donc s’affronter pendant quatre heures en prenant appui sur les témoignages d’entreprises, d’ONG engagées, d’économistes. Tous les participants se sont au préalable formés. Qui pour plaider, qui pour défendre ou témoigner. L’objectif de cet événement se veut pédagogique. « Le discours de sincérité permettra de déculpabiliser, de donner des clefs de compréhension aux chefs d’entreprises, aux managers qui portent ces sujets et n’ont pas toujours les arguments pour défendre leur point de vue », explique Daniel Luciani.
Pour cette première édition, le Grand procès de la RSE se joue à guichets fermés avec 300 inscrits pour les 200 places de l’amphithéâtre mis à disposition par la CCI de Midi-Pyrénées de Blagnac. Dans la salle, les participants (beaucoup de dirigeants d'entreprises, quelques étudiants, des représentants des collectivités territoriales et des associations) pourront juger la RSE sur chaque chef d’accusation, une fois les plaidoiries passées. « La RSE fera sans doute appel du jugement », indique déjà Jacques Igalens. « Et sera sans doute condamnée à des travaux d’intérêt général », ajoute Daniel Luciani.
L'opération ne se veut pas unique. Ses organisateurs entendent dupliquer l'événement et lui proposer une suite dans les prochains mois. Pour qu’une fois passée la COP 21, la RSE ne retombe pas dans la doxa bien pensante dans laquelle elle est souvent enfermée.