Le service de médecine du travail de la banque a tenté d'identifier et de dénombrer, pendant un an, les salariés en situation de "burn-out". Une tâche loin d'être aisée car sujette aux biais.
BNP Paribas prend le burn-out au sérieux. Bien que ce syndrome n'ait pas de définition médicale, le service de médecine du travail de la banque a mené l'enquête. De novembre 2013 à fin octobre 2014, les médecins du travail se sont employés à détecter les salariés en situation d'épuisement professionnel, à l'occasion des 22 000 visites médicales qui ont eu lieu pendant cette période.
"Tout le monde parle du burn-out. Les organisations syndicales nous interrogent sur ce syndrome. Elles souhaitent savoir quelles entités sont les plus exposées et pointent la surcharge de travail", explique Mireille Jarry, responsable du pôle Conditions de travail, santé et accompagnement de BNP Paribas, lors d'une conférence sur le sujet, organisée à l'Ecole des Mines, mardi 16 juin.
Les résultats de l'enquête - qui n'ont pas été communiqués aux IRP - sont encore en cours d'analyse. Toutefois, un chiffre apparaît : 51 personnes auraient été en situation de burn-out, sur la base des 38 000 collaborateurs suivis par le service de médecine du travail interne de l'entreprise. 18 000 collaborateurs étant par ailleurs suivis par des services de médecine interentreprises.
Critères drastiques
Très faible, ce chiffre s'explique par la méthodologie de l'enquête, qui se veut drastique. Seules les personnes "à risques", identifiées comme telles par les médecins du travail, ont répondu aux questionnaires: celui de l'Observatoire Médical du Stress, de l'Anxiété et de la Dépression (Omsad), élaboré par l'Institut français d'action sur le stress (Ifas) ainsi que le test de Maslach (Maslach Burnout Inventory), qui fait référence dans la littérature scientifique.
En outre, soucieuses d'isoler le burn-out de la dépression, le service de santé au travail de BNP n'a, notamment, pas pris en compte les salariés qui ont connu des épisodes dépressifs dans le passé. "Ainsi, nous sommes certains qu'il s'agit de cas avérés", explique le docteur Bérengère Petit Le Toumelin, médecin coordinateur chez BNP Paribas.
Négociations sur le stress au travail
Pour autant, le service de santé au travail de BNP Paribas ne relativise pas l'exposition des salariés au burn-out au sein du groupe. "Certains ont pu échapper à la vigilance des médecins. Soit parce qu'ils n'ont pas été orientés ou n'ont pas appelé à l'aide, explique Mireille Jarry. De plus, certains salariés n'ont pas eu de visite médicale, puisque celle-ci a lieu tous les deux ans", admet l'ancienne sous-directrice de la Direction générale du Travail.
En tout cas, l'enquête a de quoi donner des billes aux syndicats de BNP Paribas, en pleine renégociation de l'accord de 2010 sur la prévention et l'évaluation du stress au travail. La dernière réunion est prévue pour le 30 juin. "C'est très bien de détecter les risques psychosociaux, mais quand la direction va-t-elle aborder la surcharge de travail? Les réductions d'effectifs s'accélèrent " explique Joël Debausse, délégué national adjoint SNB/CFE-CGC. Sans compter l'inquiétude que semble susciter le plan Préférence Client actuellement en cours qui vise la transformation digitale des agences et par ricochet celle des métiers.