L’équipe d’Yves Clot, du Cnam, a mis au jour les difficultés quotidiennes des opérateurs et chefs d’unité. Des référents sont désormais élus par leurs pairs pour remonter leurs problèmes.
L’équipe d’Yves Clot, du Cnam, a mis au jour les difficultés quotidiennes des opérateurs et chefs d’unité. Des référents sont désormais élus par leurs pairs pour remonter leurs problèmes.
En mai prochain, les salariés de deux nouveaux ateliers de l’usine de Renault à Flins (78) vont élire leurs “référents” pour une durée de six mois dans le cadre du dispositif “Dialogue pour la qualité du travail” mis en place en partenariat avec le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Il vise à recueillir la parole des opérateurs sur les difficultés qu’ils rencontrent pour effectuer un travail de qualité et traiter les problèmes soulevés le plus rapidement possible.
Tout a commencé fin 2010. À la suite de la parution du livre d’Yves Clot,
Le Travail à cœur. Pour en finir avec les risques psychosociaux, Patrice Pelata, alors directeur général de Renault, contacte l’auteur pour réaliser une expérimentation dans l’usine des Yvelines. En avril 2012, Jean-Yves Bonnefond, psychologue du travail chargé de recherches au Cnam, arrive à l’unité élémentaire de travail (UET) dite des “Portes” (lieu d’assemblage des portes) avec sa collègue Livia Scheller. Pendant près de deux mois, ils passent trois jours par semaine à l’UET, échangent avec la soixantaine de salariés répartis en deux équipes.
« Les opérateurs que je rencontrais avaient le sentiment de ne pas pouvoir faire leur travail correctement, mais ils étaient massivement résignés », raconte le chercheur. Difficulté supplémentaire pour les deux intervenants, la très grande proportion d’intérimaires dans cette UET : « Ils représentaient près de 70 % des effectifs et nous parler n’était pas simple pour eux, car ils avaient peur de perdre leur mission s’ils dénonçaient des problèmes. »
« Les opérateurs que je rencontrais avaient le sentiment de ne pas pouvoir faire leur travail correctement, mais ils étaient massivement résignés », raconte le chercheur. Difficulté supplémentaire pour les deux intervenants, la très grande proportion d’intérimaires dans cette UET : « Ils représentaient près de 70 % des effectifs et nous parler n’était pas simple pour eux, car ils avaient peur de perdre leur mission s’ils dénonçaient des problèmes. »
Des performances gâchées. Après cette première phase de prise de contact, de fin mai à fin juillet 2012, le travail des opérateurs volontaires est filmé et donne lieu à des échanges entre professionnels, enregistrés eux aussi. « Les opérateurs montraient comment leur performance était gâchée, car ils devaient compenser un mauvais aménagement des postes, voire des problèmes de conception de pièces, rapporte Jean-Yves Bonnefond. Les rebus étaient nombreux, la casse aussi était